Avril 2022, premier dossard trail depuis le début de la pandémie liée au covid 19. J’ai tendance à vraiment sélectionner mes courses, à choisir des trails qui me font rêver. Après mon break post Diagonale des Fous, j’avais choisi le Madeira Island Ultra Trail pour me relancer en ultra-trail. Mais le covid est passé par là. Puis mon expatriation en Californie. Alors me voilà maintenant sur le territoire américain, bien décidé à découvrir l’esprit trail local. Et c’est donc l’évènement du Canyons Endurance Runs que j’ai choisi !
Le Canyons Endurance Runs, dans le berceau de l’ultra-trail américain
Le Canyons Endurance Runs propose 3 distances, dont la distance reine, un 100km (en 2023 pour la première fois, un 100 miles sera proposé). C’est sur cette distance que je me suis aligné, renouant avec la longue distance.
La course part du centre-ville de Auburn, ville historique des chercheurs d’or, à l’orée de la Sierra Nevada. La ville d’Auburn est également le lieu de naissance de l’ultra-endurance aux États-Unis puisque c’est le lieu d’arrivée de l’itinéraire mythique de la Western States. Au milieu du XXe siècle, quelques américains ont voulu montrer qu’il était possible de réaliser 100 miles à cheval en moins de 24h entre Tahoe et Auburn. Quelques années plus tard, des courageux ont tenté le même défi à pied pour finalement aboutir à la création de la Western States 100 !
Le Canyons Endurance Runs reprend certaines parties du très beau tracé de la Western States 100, mais en sens inverse.
Le Canyons Endurance Runs fait cette année partie de l’UTMB Word Series. Si l’on voit ou entend le nom UTMB sur certaines bannières et dans quelques discussions de coureurs, on est encore très loin du gigantisme et du marketing de la course de Chamonix. Et c’est tant mieux !
L’esprit de l’ultra-endurance aux États-Unis
Je voulais profiter de mes quelques années en Californie pour me frotter aux trails américains. Comprendre l’esprit de l’ultra-endurance sur ce continent qui, on le sait bien, est très différent de l’esprit ultra-trail européen. En participant au Canyons Endurance Runs, je n’ai pas été déçu !
Pour moi, l’esprit ultra-trail européen est très proche de la montagne, quand l’ultra-endurance en Amérique rime plus avec grands espaces et liberté. Souvent moins techniques, les trails américains se courent beaucoup plus. On y longe et traverse des rivières en fond de canyons au lieu de grimper des cols pour changer de vallée.
L’ultra-endurance aux États-Unis, c’est aussi courir léger. Une liste de matériel obligatoire minimaliste qui permet de voir des coureurs partir torse nu avec deux petites gourdes d’eau dans les mains. Très peu de bâtons ici chez les participants.
Même si l’on compte un peu plus de 400 partants sur la grande course, on ressent l’esprit intimiste. Comme une course de village, beaucoup de coureurs viennent retirer leur dossard quelques minutes avant le départ qui a lieu à 5h du mat. Les coureurs arrivent ensuite tranquillement sur la ligne de départ à peine 10 min avant l’heure fatidique. Ça change de la Diagonale des Fous où il avait fallu attendre plusieurs heures avant le coup d’envoi.
Le niveau est fort, les coureurs sont bons et semblent habitués à courir ce genre de distance. Sans doute aussi car la renommée de cette course est encore assez faible. C’est un milieu d’avertis parmi lesquels les étrangers sont peu nombreux. Et finalement un nombre assez important de femme avec là aussi un très bon niveau. Personne ne semble être venu ici par hasard ou après un pari perdu en fin de soirée arrosée !
Ma course au cœur de la Californie
J’ai terminé les 100km du Canyons Endurance Runs en exactement 15h. Un temps qui me satisfait grandement même si la fin a été assez dur, subissant sûrement mon départ rapide. Cela me classe dans la première moitié des concurrents.
Le Canyons Endurances Runs est une course peu technique et assez rapide. La première moitié ne contient aucune vraie difficulté. La seconde partie est beaucoup moins roulante et possède plus de dénivelé positif que négatif. En effet, la course n’est pas une boucle et son arrivée au Chinese Wall se situe au point le plus élevé de l’itinéraire.
Le départ fût donné à 5h du mat dans le centre-ville de Auburn. Très vite, on quitte la route pour attaquer des sentiers roulants à la lumière de la frontale. On se met alors à courir à flan de canyon, avec en contrebas la Middle Fork American River. Au lever du soleil, une brume s’étant au-dessus de l’eau, révélant de superbes paysages. On court facilement sur toute cette première partie de course. Résultat, premier marathon en 4h40. Pour un ultra-trail de 100km, c’est un temps de course très rapide pour moi.
Un peu avant la mi-course, de vraies grimpettes commencent. Pas forcément ce qu’on trouve en montagne mais avec parfois des sections bien pentues. La première partie de course rapide se fait sentir, et les cuisses ont du mal à grimper vite. Autour de moi, ça continue à aller vite et à trottiner dans les parties les moins raides des montées. Je suis étonné du fort niveau des coureurs. J’ai dû partir vraiment vite pour me retrouver vers le 50e km avec des coureurs d’un niveau plutôt supérieur au mien. Et si mes 40 premiers kilomètres m’ont certainement un peu entamé, je ne regrette rien car y ai pris beaucoup de plaisir.
Autour des 50e et 60 et quelques km de course, deux gros ravitaillements sont accessibles aux accompagnants. Aux « Crew » comme ils disent ici. Et les Américains sont organisés. Chaises, serviette dépliée, nouvelles chaussures prêtes à être effilées… tout comme les pro pour les coureurs lambda du peloton !
La fin de la course est ensuite plus difficile. Majoritairement en montée, sans que ce ne soit très technique, c’est long et monotone. Aucun accès pour le public sur les points de ravitaillement. Et la température qui se rafraîchit, la neige qui commence à couvrir le sol. Au début quelques traces, puis c’est tout le sol qui est recouvert par une bonne couche. Les trailers passés avant ont fait leur œuvre : la neige fondue s’est transformée en boue et flaques d’eau glaciale. Un vrai régal !
Et puis c’est la délivrance. La musique de l’arrivée que l’on entend au loin même s’il reste un kilomètre à parcourir. Je me remets à courir pour l’occasion et aperçois la ligne d’arrivée que je suis content de franchir. 15h pour 100 km. Très heureux de mon temps même si le niveau des autres coureurs m’a impressionné. Ils savent courir longtemps sur ces sentiers plutôt roulants. J’ai de mon côté survolé la première partie et ai un peu subit la 2e. Mais tellement heureux de renouer avec ce genre de distance !
Le Canyons Endurance Runs est un bel évènement maintenant labelisé UTMB. A la découverte des origines du trail running, certains paysages sont magnifiques, d’autres un peu plus monotones. Peu technique, j’ai pu m’initier ici au trail américain, à cette ambiance si particulière que je pouvais imaginer en lisant quelques récits de course. Très heureux d’avoir vécu cette expérience et d’avoir renoué avec ce genre de défi !
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