En septembre dernier, le Headlands 27k, la première des deux étapes américaines des Golden Trail Series s’est arrêtée en Californie, près de San Francisco. C’était pour moi l’occasion de vivre de l’intérieur une épreuve de ce circuit de trail de renommée mondiale. Au programme, environ 30 km à travers les reliefs au nord de San Francisco.
Golden Trail Series aux États-Unis
Le Golden Trail Series, sponsorisées par Salomon, est le circuit de référence pour les trails de courte distance. Les épreuves varient généralement entre 25 et 40 km et attirent l’élite mondiale, dont des athlètes comme Kilian Jornet ou Rémi Bonnet Des courses comme Sierre-Zinal et Zegama sont emblématiques de ce sport et de cette distance, tout comme l’UTMB et la Diagonale des Fous le sont pour les ultra-trails.
Depuis l’année dernière, les Golden Trail Series s’exportent aux États-Unis. Cette année, deux étapes étaient au programme en septembre. Mammoth Lakes, déjà au calendrier, est une véritable course en montagne dans la Sierra Nevada, tandis qu’une nouvelle épreuve a été ajoutée plus tôt dans le mois. Le Headlands 27k s’est tenu le 15 septembre dans le Marin County, juste au nord du Golden Gate Bridge, attirant les meilleurs mondiaux en quête de points sur les épreuves nord-américaines. Cette fois, c’est Elhousine Alazzaoui qui s’est montré le plus fort, remportant les deux courses californiennes après des sprints époustouflants.
Headlands 27k, une épreuve à l’image des trails américains
L’esprit des trails américains diffère beaucoup des épreuves européennes, ce qui m’a d’autant plus plu sur cette course pourtant inscrite dans un circuit très européen. Aux États-Unis, le trail est synonyme de liberté et de grands espaces, et reste encore assez confidentiel, regroupant une petite communauté de passionnés. Les épreuves rassemblent souvent un nombre limité de participants, quelques centaines tout au plus, loin des foules des grandes courses européennes. Conséquence de cet aspect moins populaire : le niveau est élevé. Les coureurs américains sont rapides, endurants, et avancent souvent sans ralentir, même sur des pentes raides ou des passages techniques.
Alors, à quoi ressemble le Headlands des Golden Trail Series ? Un grand champ avec un parking aménagé pour garer les voitures autour d’une arche de départ et de quelques stands partenaires. Les coureurs arrivent le matin pour retirer leur dossard, s’échauffer, puis se placer dans la zone de départ. Pas de « village trail » immense avec des dizaines de marques, ni de retrait de dossard les jours précédents. Beaucoup de coureurs n’ont même pas de sac d’hydratation, juste une gourde qu’ils portent à la main. C’est typique de ce genre de courte distance, mais représente aussi bien l’esprit trail à l’américaine où liberté est maître-mot.
Un parcours superbe en bordure de l’océan
Le Headlands propose un parcours d’un peu moins de 30 km (initialement prévu à 27 km, mais rallongé) avec un dénivelé positif de 1300m et un beau contraste de paysages. Trois montées et descentes s’enchaînent sur des sentiers plutôt techniques, parsemés de pierres, racines et marches irrégulières. Le parcours traverse le magnifique parc de Muir Woods, où des Redwoods géants nous dominent, et les sommets offrent des vues à plus de 180° sur l’océan Pacifique.
Ce n’est pas une course de montagne à proprement parler, mais elle présente un condensé des éléments que j’aime en trail. La première montée est peu technique, idéale pour éviter les bouchons et permettre à chacun de trouver son rythme. La deuxième, en revanche, est un vrai régal dans le parc de Muir Woods, avec des marches irrégulières qui rappellent la Diagonale des Fous. Ce parc, emblématique de la Californie, est composé de Redwoods, des séquoias moins larges que les séquoias géants, mais encore plus impressionnants en hauteur.
La descente qui suit est assez technique : pierres et racines parsèment ce sentier étroit où, malgré la pente propice à la course, il faut être sûr de ses appuis pour éviter les blessures. La dernière montée est plus douce, mais nécessite encore des réserves d’énergie, sinon il ne reste plus qu’à profiter des superbes vues sur l’océan. Enfin, la dernière descente est un pur bonheur. En plongeant vers la ligne d’arrivée que l’on voit et entend au loin, une série de virages en épingle finit de pimenter la course.
Mon Headlands 27k: une reprise réussie après 2 ans sans dossard
Deux ans sans épingler de dossard, c’est long ! Mais pourquoi ? J’ai eu un fils et n’avais pas trouvé de course qui me corresponde, me motive, et soit compatible avec les exigences d’un nouveau-né. En 2023, j’ai tenté un petit défi en off pour explorer le Grand Canyon, mais rien de plus.
Alors, quand j’ai vu que le Golden Trail Series lançait une course près de San Francisco, j’ai sauté sur l’occasion, même si ce n’est pas ma distance habituelle. J’ai repris l’entraînement de manière sérieuse mais brève, sur quelques semaines seulement, pour travailler la vitesse et l’endurance. Une seule sortie longue en trail pour réhabituer mes muscles aux sentiers techniques.
Le jour de la course, je me sentais bien, assez pour démarrer à mon rythme sans me laisser entraîner par les autres, même si le niveau était clairement très bon. Rapidement, autour de moi, tout le monde tenait le même rythme. Nous avons couru en montée, et personne ne s’est arrêté au premier ravitaillement. Dans la deuxième montée, celle de Muir Woods avec ses marches irrégulières, j’ai commencé à doubler quelques coureurs, bien relancé.
Mon expérience sur terrains techniques m’a bien servi dans la descente jusqu’au bord de l’océan. Puis est arrivée la troisième montée… et la quasi-panne sèche ! Je n’avais plus de jus pour relancer, même si la pente permettait de trottiner. Heureusement, je suis plutôt un bon descendeur, ce qui m’a permis de profiter de la dernière descente. Malheureusement, quelques crampes sont apparues, témoignant du manque de pratique sur sentiers et me freinant un peu pour attaquer pleinement les derniers virages en épingle. J’ai malgré tout rattrapé quelques coureurs, même si je n’ai pas pu en doubler un ou deux de plus.
Au final, une très belle course terminée en 3h15, même si je pense que passer en dessous des 3h est faisable ! Mon classement final, plus proche des derniers que des premiers, m’a quand même laissé voir le niveau élevé de la course aux US. Ça ne rigole pas !
Je suis vraiment ravi d’avoir vécu cette expérience et d’avoir pu participer aux Golden Trail Series. Ce n’était pas une course de montagne comme je les préfère, mais un itinéraire superbe, varié et technique. Bref, je recommande cette course, et je me sens maintenant prêt pour de nouveaux défis américains en 2025.
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