A l’approche de la fin du mois d’aout, tous les regards de la communauté trail sont tournés vers Chamonix. L’UTMB est l’épreuve reine des ultra-trails. Un mythe dont je vous décrypte ici le parcours.
J’ai eu la chance de courir l’UTMB en 2015. Une expérience incroyable et inoubliable que je vous raconte dans cet autre article. Je ne connaissais pas du tout le parcours de l’UTMB et ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. J’avais juste étudié les cartes et le profil de la course. Mais ça ne permet pas de visualiser les sentiers. Cette course n’est pas la plus technique. Il est possible d’y courir sur de nombreuses sections. Cependant, pour appréhender au mieux la course, il est préférable d’avoir une vraie idée de l’itinéraire.
Mon tout premier conseil est d’aller voir pendant sa préparation des vidéos sur YouTube comme celle-ci. Il y en a tout un tas. Cela vous permettra de visualiser quelques portions que vous emprunterez. Ensuite, vous pouvez lire cet article qui vous synthétisera les points importants du parcours de l’UTMB à retenir.
Chamonix – Les Contamines
distance cumulée : environ 30km, dénivelé positif cumulé : environ 1500m
Le départ de Chamonix est un grand moment. L’émotion est intense sur la place du triangle de l’amitié. Le coup d’envoi en fin d’après-midi se fait dans une ambiance folle. Cela part assez vite malgré quelques ralentissements qui peuvent avoir lieu dans les premiers virages du centre ville.
Rapidement, on arrive sur un sentier roulant et plutôt plat. Pas de problème de place pour les coureurs. Il faut réussir à se mettre dans son rythme et lancer sa course. Aucune difficulté jusqu’aux Houches où se situe un premier ravitaillement après 8km de course.
Après les Houches, la première montée du parcours de l’UTMB commence. Il faut grimper les 700m qui mènent en haut du Délevret. Aucune difficulté sur cette montée au sentier très large et carrossable. Cela permet de se mettre dans son rythme et d’étendre le peloton, sans aucun risque de bouchon. La première descente, facile, mène jusqu’à Saint-Gervais. Vous pourriez commencer à ressentir la diminution de luminosité due à la nuit qui s’approche.
Une grosse ambiance vous attend au ravitaillement de Saint-Gervais. Quelques marches à descendre avant de rejoindre le centre de l’animation. A partir de là, le chemin qui emmène vers les Contamines peut ne pas sembler pentu. Le dénivelé positif n’est pas important. Mais il faut quand même s’efforcer à relancer si l’on ne veut pas que cette section de 10km devienne interminable.
Arrivé aux Contamines après environ 30km de course, vous pourrez vous reposer et bénéficier de l’assistance d’un proche. Profitez-en, la course commence vraiment ensuite.
Les Contamines – Courmayeur
distance cumulée : environ 80km, dénivelé positif cumulé : environ 4500m
Pour moi, c’est aux Contamines que l’UTMB commence vraiment. On arrive dans le cœur du massif tout en attaquant la première nuit. Il reste quelques kilomètres depuis le ravitaillement avant Notre Dame de la Gorge. A ce moment là, on rencontre un grand feu de camps et une dernière ambiance de folie avant de se retrouver seul dans la montagne, si l’on fait abstraction des autres coureurs et de la file indienne de frontales devant et derrière soit.
Il est temps de grimper en haut du col du Bonhomme à plus de 2300m d’altitude. Cette belle ascension se fait en deux temps, avec une première partie qui mène à la Balme. Avec ce premier col franchit après presque 8 km de montée, on peut savoir où l’on en est de son état de forme. A partir de là, l’objectif principal à garder en tête est de rallier Courmayeur dans les meilleurs conditions possibles.
Pour y arriver, il faudra atteindre le col de la Seigne avec une première partie d’environ 5km peu raide puis une belle montée d’environ 6km. Le spectacle des frontales au milieu de la nuit est magnifique. En haut du col, la descente sera de courte durée puisque le parcours de l’UTMB ne prend plus le chemin le plus direct mais fait remonter par le col des Pyramides calcaires. La difficulté de cette portion est l’enchevêtrement de gros blocs de pierre. Attention aux chevilles.
En bas de la descente, une halte bien méritée au Lac Combal pourra se faire. La suite est une des plus belles parties de l’UTMB. La montée vers l’arrête du Mont-Favre offre une vue magnifique sur le massif du Mont-Blanc. Si vous y êtes alors que le jour se lève, vous en prendrez pleins les yeux.
C’est ensuite environ 9km pour 1200m de dénivelé négatif, dont une dernière partie un peu plus raide, qui permettra de rejoindre Courmayeur. Vous y trouverez une grosse base de vie permettant de se poser, de se faire soigner et de se restaurer. La première partie de l’UTMB est terminée. Maintenant il faut rentrer à Chamonix !
Courmayeur – Champex Lac
distance cumulée : environ 125km, dénivelé positif cumulé : environ 7000m
Au départ de Courmayeur, il est important de s’être bien reposé. Un bon repas et un passage chez le kiné ou le podologue si nécessaire permettront de bien se lancer dans cette journée du samedi qui promet d’être longue !
Après être sorti de Courmayeur, une belle montée commence en forêt sur un sentier agréable pour rejoindre le refuge de Bertone environ 800m plus haut. Sur cette section, on peut sentir si la halte à Courmayeur a été réparatrice. Les quelques kilomètres qui suivent sont magnifiques. La vue sur les Grandes Jorasses est spectaculaire. Il faut en profiter. Le sentier en balcon est très agréable, il faut alors se forcer un peu à relancer. Mais attention aux changements de rythme qui peuvent faire mal aux jambes. Si au final, le refuge Bonatti que l’on rejoint après environ 7km se trouve quasiment à la même altitude que le refuge Bertone, on n’aura pas l’impression d’avoir parcouru une section si plate que cela.
Peu après le refuge Bonatti, une courte descente permet d’atteindre Arnuva, le point de départ de la grande ascension de ce parcours de l’UTMB. La montée vers le Grand Col Ferret est un des plus gros morceaux de la course. C’est autant pour son dénivelé à franchir, pour l’altitude à atteindre, au-delà des 2500m et par le fait qu’on se trouve aux environs du 100e km de course que cette ascension est difficile. Un conseil alors, il faut découper la montée en plusieurs morceaux. Si besoin, il faut faire de courtes pauses fréquentes tout en réussissant à rester dans son rythme. Au sommet du col, la Suisse se profile. L’arrivée est maintenant nettement plus près que le départ.
Arrivé au sommet du Grand Col Ferret, c’est parti pour une très longue descente. Il faut réussir à se mettre à trottiner au risque que cette portion dure très longtemps. Elle n’est pas du tout technique ce qui permet de dérouler un peu la foulée si on en a encore la force. La pente s’adoucit un peu à la Fouly après 10km, mais la descente continue encore jusqu’à Praz de Fort. C’est au total presque 1400m de descente sur 18km. Une très longue distance si l’on n’arrive pas à courir.
A partir de Praz de Fort, il reste moins de 2km de descente avant d’attaquer la montée vers Champex-Lac. Une belle petite grimpette en forêt pour revenir à l’altitude de 1500m où un ravitaillement bien mérité et nos proches nous attendent.
Champex Lac – Vallorcine
distance cumulée : environ 150km, dénivelé positif cumulé : environ 9000m
Lorsque l’on repart de Champex-Lac, on attaque réellement la dernière partie de l’UTMB. A partir de là, il faut avoir en ligne de mire Chamonix, et prendre chaque difficulté les unes après les autres. Pour une majorité de coureurs, cela sera la deuxième nuit de course. Le sommeil pourra commencer à se faire énormément ressentir. Trois bosses à vaincre pour être finisher : Bovine, Catogne et la Tête aux vents. Mais pas une mince affaire à ce niveau de la course !
À la sortie du ravitaillement de Champex-Lac, le parcours de l’UTMB longe le lac. L’occasion de discuter un peu avec ses proches avant d’attaquer la première bosse. A ce stade de la course, il est souvent bon de ne pas partir seul. Se regrouper entre coureurs permettra de trouver son rythme, de se concentrer sur le pas de devant tout en discutant pour luter contre le sommeil. Quelques portions en fin d’ascension sont assez techniques et raides. Elles peuvent donc être compliquées de nuit, où les repères disparaissent complètement. Ensuite, comme toujours à ce stade de la course, les trailers qui arriveront à courir dans la descente gagneront beaucoup de temps sur les autres. Il ne faut pas hésiter à être souple sur les appuis sur ces sentiers de forêt qui cachent quelques pièges.
L’arrivée à Trient est réconfortante. On peut encore y retrouver nos proches, et la première des trois bosses est derrière. Pour la seconde bosse, Catogne, même conseil. Partir en petit groupe, et trouver son rythme dans les pas de la personne qui nous précède. Faire le vide pour réussir à avaler les 700m de dénivelé positif. La descente vers Vallorcine fait un peu mal aux jambes mais c’est sans doute plus à cause des 150km dans les pattes que de la technicité trop importante du parcours de l’UTMB.
Profitez de l’arrivée à Vallorcine. C’est le dernier gros ravitaillement de l’UTMB. C’est aussi là qu’il est possible de voir pour la dernière fois ses proches. Et surtout, lorsque l’on arrive à Vallorcine, l’UTMB est presque dans la poche, une montée, une descente est c’est l’arrivée sous l’arche de Chamonix !
Vallorcine – Chamonix
distance cumulée : environ 170km, dénivelé positif cumulé : environ 10000m
Les quelques premiers kilomètres après Vallorcine peuvent paraitre un peu long. Très faciles mais en faux plats montant, il peut être compliqué de courir. Il faut prendre son mal en patience et avancer tranquillement.
Et puis, aux environs du 155e km, la montée vers la Tête aux Vents commence. Très raide dès le début, cette montée se compose d’immenses marches. Il faut trouver son rythme, pour avancer dans cette difficulté. Pas de repos jusqu’en haut. Et même un faux espoir avant l’arrivée au sommet. La montée semble se calmer, mais il n’en est rien. Elle continue bien jusqu’à un peu plus de 2100m d’altitude.
Une fois arrivé en haut de la Tête au vent, c’est presque gagné. Chamonix n’est plus qu’à une descente. La première partie jusqu’à la Flégère est agréable sur un beau sentier de montagne. Observez bien les chamois qui sont venus vous encourager. Le dernier ravitaillement qui se trouve à la Flégère, en haut d’une remontée mécanique, impose un petit raidillon pour l’atteindre. Ça fait mal aux jambes.
A partir de la Flégère, c’est la dernière ligne droite. Une descente directe vers Chamonix. La première partie semble quasiment droit dans la pente. Cela tape dans les genoux, surtout après plus de 160km. Ensuite, le petit sentier qui nous emmène au fond de la vallée serpente dans le flanc de montagne. Plus on descend, et plus on rencontre de monde pour nous encourager.
Un peu avant l’arrivée en ville, on arrive au chalet de la Floria où chaque client vous ovationne. À partir de là, le sentier s’agrandit. Et puis c’est l’arrivée sur la route. Ça y est, on y est. La dernière partie dans les rues de Chamonix doit rester gravée dans sa mémoire. On parcourt la rue commerçante, avant de prendre un dernier virage et d’apercevoir l’arche d’arrivée !
Voici une description rapide du parcours de l’UTMB. Bien sûr, la lecture de cet article de blog ne remplacement jamais un repérage sur les sentiers du massif du Mont-Blanc. Mais rappelez vous tout de même que plus vous en saurez en amont de la course, et plus vous saurez anticiper les difficultés et vous concentrer sur l’essentiel dans les moments compliqués.
Vous avez une connaissance précise d’un point du parcours de l’UTMB que vous souhaiteriez partager ? N’hésitez pas à laisser un commentaire pour en faire profiter un maximum de monde. Je vous parle ici du parcours de l’UTMB, mais si vous courez la CCC ou l’OCC, vous pouvez aussi profiter de ces quelques lignes.
7 Commentaires
Bonjour Olivier,
Très intéressant ton article, pour mieux visualiser étapes par étapes le parcours de l’UTMB.
Je participe au grand tour cette année, même si le parcours ne m’est pas inconnu (CCC en 2015, TDS en 2016 et 80K du Mt Blanc en 2017), il est important de bien découper le parcours pour pouvoir mieux l’appréhender.
Et félicitations pour ton blog
Merci beaucoup Vincent.
Effectivement avec ton expérience, tu dois bien connaitre la région. Et surtout avec la CCC, une bonne partie du parcours de l’UTMB. Cela devrait bien t’aider pendant la 2e nuit lors des moments un peu plus difficiles. Profite bien en tout cas, et bonne préparation d’ici là !
Bonjour Olivier,
Quel beau récit !
Merci et bravo à toi.
Merci bcp, toujours sympa de savoir que la lecture est appréciée.
Merci bcp pour ce récit rapide certe mais assez révélateur .Je cours l’utmb dans 15 jours et je n’ai (n’avait😁)aucune connaissance du circuit ,grâce à tes commentaires j’ai un éclaircissement sur ce qui m’attend.
Merci encore 👍🏃
Top, c’est cool si ça t’a été utile. Et profite à fond, c’est une vraie chance de courir cette course. J’espère un jour pouvoir la refaire.
Merci beaucoup Olivier.
Un bel éclaircissement sur la course, difficultés, conseils, états et pensées probables à différents moments. Super!