La neige, le froid, la nuit et quelques 70km à parcourir. Voilà tous les ingrédients réunis pour une véritable SaintéLyon. Pas vraiment un trail, pas vraiment une course sur route, cette classique de la course à pied qui permet de relier Saint-Étienne à Lyon au mois de décembre a su imposer son charme dans le monde du running.
Une ambiance unique…
Cette année ce fût la 64e édition de la course. Alors autant dire que lors des premières éditions, on était bien loin de la mode du running et du trail. C’était d’ailleurs au départ une épreuve de marche, organisée par un club de cycliste pour occuper la période hivernale.
Aujourd’hui, il y a près de 7000 partants sur l’épreuve reine. Ainsi, un des symboles de cette course est devenu l’immense gymnase dans lequel l’attente du départ à Saint-Étienne s’effectue. Des milliers de coureurs sont là. Certains s’équipent, quelques uns mangent et d’autres se reposent ou dorment allongés dans des sacs de couchages. De manière générale, les visages sont concentrés sur le défi à venir.
Lorsque l’heure du départ approche, la foule se dirige vers la ligne de départ. La densité des coureurs permet à chacun de ne pas ressentir le froid et la température négative de l’air. À quelques minutes du coup de feu, comme le veut la tradition, tous les coureurs allument leur lampe frontale. Tout le monde est prêt à partir pour parcourir les 73km qui nous sépare de Lyon dans cette nuit de décembre.
Les premiers kilomètres sur route ne sont qu’un échauffement. La lampe est encore inutile. Il faut savoir trouver son rythme tout en ajustant sa stratégie si l’on ne souhaite pas être au cœur de la foule lors de la transition vers le premier chemin.
Et puis arrive ce moment. La route se transforme en chemin puis en sentier. La lampe frontale devient nécessaire. Les premières foulées sur la neige nous permettent de s’imprégner réellement de l’ambiance de cette course. Et puis la vision que l’on a tous de la SaintéLyon arrive : devant comme derrière, un faisceau lumineux ininterrompu composé des milliers de lampe des coureurs. Je m’en suis émerveillé il y a 4 ans lorsque la SaintéLyon était ma première course de nuit, j’en reste fasciné aujourd’hui !
… dans des conditions difficiles…
Sur près des deux tiers de la course, il a fallu courir sur la neige. Une neige assez fraîche et tassée, pas encore transformée en verglas. Ainsi, la majeur partie du temps, l’accroche était bonne et la course agréable. Mais voilà, le froid mordant a rendu les choses bien difficiles sur quelques passages. Beaucoup vous diront qu’ils ont souffert du froid. Dans mon esprit, cela a particulièrement été vrai sur les crêtes exposées des Mont-Lyonnais. Sur ces parties, la vue dans la nuit est belle mais le vent qui y soufflait était frigorifiant. Il se dit que par moment il faisait entre -8 et -10 °C en température ressentie. C’est alors avec l’onglée au bout des doigts qu’il fallait avancer. Il est important dans ces moments là d’essayer de courir un maximum pour tenter de se maintenir au chaud. Ces conditions rendent les premiers ravitaillements à Saint-Christophe-en-Jarez et Sainte-Catherine peu agréables. Beaucoup de monde dans de simples tentes laissées au froid. Dans ces conditions, il faut savoir se ravitailler en express pour limiter le refroidissement qui arrive vite.
Durant cette partie de la SaintéLyon où il a fallu gérer froid et neige, j’ai réussi à suivre mon plan de course. Départ assez rapide pour ne pas être gêné par le monde sur le premier chemin. Ravitaillements expéditifs pour prendre uniquement un peu à manger et boire parfois un thé. Et course au maximum même dans les montés, quand le terrain le permet. J’ai cependant eu du mal à juger de mon état de forme. La fatigue de mes jambes semblait être en ligne avec l’avancée de la course mais le froid apportait un mal-être pas évident à gérer. Mes muscles avaient beaucoup de mal à se chauffer, laissant craindre la blessure. Sur des appuis simples, des crampes se faisaient sentir, et j’ai même eu une alerte à un genou après un petit raidillon anodin. Puis le sommeil vers 3h du matin me rattrapa rendant certaines parties peu agréables. Mais l’expérience et le mental permettent de gérer ces moments. Il faut réussir à continuer à avancer jusqu’à ce que ça passe. La dernière difficulté liée aux conditions climatiques arriva dans la descente du Signal, le point culminant de la course à presque 1000m d’altitude. Les roches étaient verglacées et n’offraient aucune accroche. Impossible de courir et très difficile de ne pas tomber. Je m’en suis sorti avec quelques glissades peu contrôlées mais les chutes autour de moi se comptaient par dizaine. Heureusement, après environ 45km, et alors que l’on se rapproche de Lyon, la neige disparaît et les températures se réchauffent.
En lien avec ces conditions climatiques hivernales, j’aurais pu me rendre la course encore plus difficile à cause de soucis de matériel. Heureusement, j’ai réussi à rester concentré pour ne pas me focaliser sur ces petits problèmes supplémentaires tout en les gérant au mieux.
Rapidement après le départ, je me rends compte que ma lampe frontale n’éclaire rien par rapport aux lampes des autres coureurs. Je sais ma lampe peu puissante mais à ce point là… Les kilomètres défilants, il était devenu évident que ma lampe avait un problème : elle n’éclairait plus rien ! La densité des coureurs m’a permis de gérer grâce à l’éclairage des autres. Mais après quelques heures de courses, je commençais à me retrouver de plus en plus isolé jusqu’à ne plus pouvoir compter sur l’éclairage de mes compagnons. Une belle difficulté pour voir les pierres et autre plaque de verglas. Finalement, et alors que j’avais mes doigts gelés, je me décidais au ravitaillement de Sainte-Catherine à manipuler ma lampe. Très difficilement je suis arrivé à changer les piles, pourtant neuves, et, miracle, l’éclairage revint un peu plus puissant. Je repartis donc du ravitaillement avec une lampe, certes peu puissante, mais qui me permettait d’éclairer les obstacles devant moi.
Autre soucis matériel, qui est cette-fois dû directement au grand froid. Les skieurs de randonnées sont plus souvent confrontés à cette difficulté : l’eau qui gèle dans le tuyau de sa poche à eau. Et pourtant je faisais attention. Pour éviter cette mésaventure, il faut penser, après avoir bu, à souffler dans le tuyau pour ramener l’eau dans la poche à eau. Mais rien n’y a fait, un bouchon de glace s’est formé dans mon camelbak. Impossible de boire. Je me voyais déjà devoir tenir comme ça jusqu’au prochain ravitaillement ce qui aurait été compliqué. J’ai finalement réussi à réchauffer un peu le tuyau contre moi et à expulser le bouchon de glace en soufflant fort. Mon eau était à nouveau accessible, mais bien glacée !
Ces petits ennuis peuvent rendre la course encore plus difficile qu’elle ne l’est déjà. Dans l’idéal, il faut y être préparé et tout faire pour éviter ce genre de situation. Mais si une petite galère arrive il faut rester calme et ne pas sortir de sa bulle. Le moral joue pour beaucoup dans les courses longues distances.
… pour une course réussie au final
A partir du 45e km, après la descente du Signal, les conditions de courses se sont facilitées. La neige se faisait de plus en plus rare jusqu’à disparaître. Les portions de chemin étaient de moins en moins nombreuses. Et surtout, la majeure partie du dénivelé positif était derrière nous. Restait alors majoritairement des descentes.
J’ai très bien géré cette 2e partie de course, réussissant une grande majorité du temps à courir à un bon rythme. Je me sentais plutôt bien, voir même de mieux en mieux. Il est assez agréable de finir une course dans de bonnes conditions physiques. Alors bien sûr les 10 derniers kilomètres ont été plus durs. J’avais bien puisé dans mes réserves et il fallait maintenant puiser dans mon mental. Et pour ça, une bonne source de motivation : finir sous les 9h ! J’ai commencé à suivre la montre environ 1h30 avant la fin de la course. Au bout de 8h15 de course, je voyais que passer sous cette barre était jouable. Mais il ne fallait pas traîner. Ainsi, J’ai maintenu un rythme, essayé de perdre le moins de temps possible dans les quelques gros raidillons de fin de course et surtout accéléré dans les 2 derniers kilomètres peu agréables à l’entrée de Lyon.
Au final, je finis en 8h57 ! Je suis satisfait de ma course. J’ai le sentiment d’avoir réussi à gérer des conditions difficiles qui nous ont tous fait souffrir. J’ai profité de la magie qu’est cette SaintéLyon dans de vraies conditions nocturnes hivernales. J’ai bien avancé tout le long avec une fin de course qui m’a fait plaisir. L’expérience que j’ai acquise depuis ma première SaintéLyon en 2013 s’est fait sentir. Alors maintenant à quand la prochaine ? Je me sens capable de démarrer plus vite, surtout dans des conditions plus favorables, pour faire encore une meilleure performance !
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