Retour au Népal, au cœur de l’Himalaya, où j’ai vécu une aventure inoubliable avec mon père. Huit jours ont passé depuis notre arrivée dans la région. Huit jours de marche qui nous ont permis de découvrir la vallée de Gokyo, et de monter à plus de 5000m d’altitude. Nous sommes au pied du col de Cho La, prêt à aller voir l’Everest. Ce trek dans la région du Khumbu va maintenant nous conduire vers le camp de base du plus haut sommet du monde, utilisé pour l’ascension. Le but de notre incroyable voyage !
Le col de Cho La, une traversée entre deux vallées
Aujourd’hui, c’est mon anniversaire ! Je vais le fêter au cœur de l’Himalaya. Et surtout, pendant une des plus belles mais aussi plus difficiles étapes de notre trek. J’en garderai un souvenir inoubliable. Passer par le col du Cho La pour rejoindre la vallée de l’Everest depuis celle de Gokyo permet d’éviter 3 jours de marche supplémentaires. Un véritable raccourci, qu’il faut cependant mériter. En effet, cela signifie grimper une face raide à plus de 5300m d’altitude pour ensuite traverser un long glacier.
Les conditions météo nous permettent de tenter cette traversée. C’est donc bien avant le lever du soleil que nous nous levons pour commencer cette longue journée. Les températures à l’extérieur son nettement négatives. Je crois que je porte sur moi toutes les couches possibles. Après une petite marche d’échauffement, nous apercevons le col, haut et vertical. Cependant, toutes les montagnes environnantes sont encore bien plus hautes et nous domine à plus de 1000m au dessus de nos têtes. Je ne sais pas qui a eu le premier l’idée de passer par là pour rejoindre la vallée d’à coté. La tentative était audacieuse.
Nous attaquons l’ascension. Il faut grimper sur d’énormes rochers. La montée est lente. Le souffle court mais nous restons réguliers. Nous doublons des porteurs et d’autres trekkeurs qui pourtant n’ont pas de sacs sur le dos. Le moindre pas, le plus petit effort nous essoufflent. A cette altitude, l’air se fait vraiment rare. Heureusement notre acclimatation a été bonne et nous n’avons pas le mal d’altitude. Nous arrivons finalement au sommet pour découvrir une multitude de drapeaux de prières. Quelques porteurs Népalais rayonnent la bonne humeur et effectuent quelques pas de danse pour fêter cette arrivée. Quel endroit magique pour fêter son anniversaire ! Mon père me tend un bracelet népalais pour célébrer cela. Ce bracelet garde encore aujourd’hui une signification particulière pour moi.
Au niveau du col, nous avons une vue magnifique sur le glacier que nous allons devoir traverser. Après un peu de repos, nous nous y attaquons. C’est une très belle expérience. Il n’est pas technique ni dangereux. C’est ce qui nous a permis de tenter cette traversée sans matériel spécifique. Et d’ailleurs c’est également le cas de tous les Népalais que nous croisons. Dans le sens où nous l’empruntons, le glacier est en légère pente descendante. Ça glisse beaucoup. Tous les moyens sont bons pour avancer : petits pas ou même glissade sur les fesses. Cela nous mènera à de belles rigolades. Nous hésitons de temps en temps sur la meilleure trace à suivre, mais jamais trop longtemps.
Au final, cette traversée se déroule sans encombre et a été un moment fort de notre trek. Nous arrivons vraiment tôt là où nous devions passer la nuit. Nous décidons donc de poursuivre notre route. Nous arriverons un jour plus tôt au camp de base de l’Everest.
Camp de base de l’Everest
Le surlendemain de cette traversée, nous arrivons à Gorakshep, où se trouvent les derniers lodges, le dernier lieu de vie sur la route de l’Everest, côté népalais. Ce lieu est situé à plus de 5000m d’altitude. A peine nous posons nos affaires que nous partons pour le camp de base de l’Everest. Une petite marche avec un peu de dénivelé positif pour nous mener tout de même à presque 5500m d’altitude.
Une certaine émotion se fait sentir lorsque nous arrivons à côté de la grande banderole indiquant Everest Base Camp. Je viens d’emmener mon père à cet endroit qui me faisait tant rêver. Nous sommes sur le lieu de départ de l’ascension du plus haut sommet du monde. De là, les alpinistes doivent traverser la cascade de glace, pour grimper au col sud avant d’essayer d’atteindre le sommet. Une ascension qui prend généralement 4 jours après un mois d’acclimatation. Il faut savoir quand même qu’au delà de sa signification, le camp de base de l’Everest n’est pas le lieu le plus magique du voyage. En effet, il n’est pas possible d’y voir l’Everest, caché par des sommets intermédiaires. De plus, à cette époque de l’année, le camp est vide. La saison est trop tardive pour que des ascensions soient tentées. Il est alors dur de s’imaginer comment se placent les centaines de tentes sur ce terrain chaotique uniquement composé d’un enchevêtrement de rochers. Lorsque j’ai essayé de m’approcher de la cascade de glace, première étape lors de l’ascension vers le sommet, il était même très difficile de trouver son chemin. L’espace est plutôt inhospitalité, quasi lunaire.
De retour au lodge, nous nous couchons tôt pour être en forme le lendemain. Nous allons monter en haut du Kala Pattar, un petit sommet à 5600m d’altitude qui fait face à l’Everest. La nuit n’est pas bonne. A cette altitude, le sommeil est difficile et l’on a l’impression de suffoquer tant l’air est moindre. Et la température en dehors de nos duvets est nettement négative.
Au petit matin, alors que le soleil se lève à peine pour éclairer la chaîne de l’Himalaya, nous attaquons l’ascension du Kala Pattar. Chaque pas est difficile, mais nous grimpons à un rythme régulier. Le souffle est cours. La force dans les jambes se fait rare. Mais au bout d’un petit moment, nous atteignons les drapeaux à prières indiquant le sommet. Nous pouvons alors profiter de la plus belle vue sur le toit du monde, à 5600m d’altitude. Nous venons réellement d’atteindre le but de notre voyage. Et la vue est magique. Nous sommes au cœur de l’Himalaya, entourés de sommets de plus de 8000m. Et surtout nous contemplons l’Everest si majestueuse et dont le sommet culmine encore à plus de 3000m au dessus de nos têtes ! La montagne est si proche que nous pouvons imaginer la route qu’empruntent les alpinistes pour leur ascension. Nous ne voulons plus partir. Nous voulons profiter, tout simplement.
Le temps du retour
En quittant le Kala Pattar, nous attaquons le chemin de retour de notre trek. Il reste plusieurs jours de marche avant de reprendre l’avion pour Katmandou. Nous empruntons cette fois la vallée de l’Everest pour retourner à Namche Bazar. Cela permet de ne pas emprunter la même route qu’à l’aller. Dans ce sens, les étapes peuvent être allongées car nous descendons en altitude. Le retour sera réellement plus rapide que l’aller. C’est avec une petite pointe au cœur que nous marchons car nous savons les meilleurs moments du trek derrière nous. Nous avons un peu moins d’entrain pendant les journées même si les paysages restent magnifiques. Nous pouvons contempler l’Ama Dablam si abrupte.
Heureusement, une étape marquera quand même ce retour. Juste avant de rejoindre Namche Bazar, nous passons et nous arrêtons à Tengboche pour y dormir. A cet endroit se trouve un très joli et assez important monastère bouddhiste. L’ambiance y est parfaite. Le monastère a été construit à cet endroit car il offre une vue magnifique et dégagée sur l’Everest au loin. Nous dormirons donc avec la vue sur le toit du monde depuis la fenêtre de notre chambre.
En fin d’après-midi, nous assistons à une cérémonie dans le temple. Un temps de prière pour les moines du monastère. Ceux-ci jouent des instruments en accompagnement des récitations de mantras. Il est très intéressant de pouvoir assister à tous ces rituels. L’ambiance est zen et un peu hors du temps. Les moines vivent ici un vrai recueillement à deux pas du Tibet. Après la fin de la cérémonie, nous avons le droit à un magnifique coucher de soleil directement sur la montagne. L’Everest s’enflamme presque en se parant d’une couleur rouge. Le spectacle est magnifique. Cette étape reste un très beau souvenir sur notre trajet de retour.
Sur la fin de notre trek, nous sommes heureux de retrouver Namche Bazar. Ce village plein de vie au cœur de l’Himalaya. Nous y avons presque nos habitudes. Et nous nous permettons de nous reconnecter au monde. Nous nous rendons à un des petits cyber cafés pour nous brancher à internet et commencer à donner des nouvelles à nos proches. Ailleurs, il n’y avait quasiment aucune possibilité de se connecter. Mais les choses évoluent vites, je ne sais pas ce qu’il en est aujourd’hui…
Finalement nous rejoignons Lukla pour y prendre un avion vers Katmandou. Nous devons patienter un jour car notre billet est prévu pour le lendemain. Nous en profitons pour nous promener dans les environs. En arpentant les chemins, nous découvrons la vie des habitants d’ici. Cela donnera lieu à quelques magnifiques portraits ! Et puis le petit avion à hélice s’élance sur la courte piste pour se précipiter dans le vide. Il grimpe pour survoler les montagnes et nous ramener vers Katmandou. C’est la fin de notre fantastique trek. Mais pas la fin du voyage. La capitale du Népal a encore de belles découvertes à nous offrir.
Encore aujourd’hui, je me souviens si bien de tous les détails de ce voyage. Une région mythique. Un peuple attachant. Des croyances apaisantes. Des paysages à couper le souffle. Et surtout un terrain d’aventure extraordinaire. Un trek qui mène vers un lieu magique et qui m’a permis de vivre des temps si forts avec mon père. Une expérience unique ! Allez-y, foncez découvrir le Népal qui a tant à apporter.
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