Fin 2012, plus de cinq ans déjà ! Un voyage que je n’oublierai jamais. Une aventure entre un père et un fils. Un trek au Népal pour aller voir le plus haut sommet du monde : l’Everest ! Avec un passage par les lacs de Gokyo.
Je me rappelle encore très bien du lancement de ce projet. Quelques mois avant de partir, j’ai tout simplement demandé à mon père s’il voulait aller avec moi au camp de base de l’Everest. Un trek au Népal de 15 jours, juste à deux avec nos sacs et notre carte. Une préparation minutieuse pour ce beau trek dans la région du Khumbu. Pour finalement une expérience unique, des souvenirs inoubliables au cœur de l’Himalaya.
Arrivée dans la vallée du Khumbu
La porte d’entrée de la région est le petit aérodrome de Lukla, situé à 2800m d’altitude. Les avions à hélices qui y mènent, d’une capacité de vingt personnes, ne peuvent même pas voler au dessus des montagnes tant leurs sommets sont hauts. L’unique courte piste semble posée à flanc de montagne. La légère pente aide les avions à décélérer à l’arrivée et à accélérer au départ avant de se jeter dans le vide. Ce point de départ pour le trek est parfait pour être mis dans l’ambiance.
À peine atterri, nous récupérons nos sacs et commençons à marcher. Notre premier objectif est de rejoindre le village de Namche Bazar, situé à 3400m d’altitude, principale place de la région. Mais nous n’y arriverons que le lendemain. Dès les premiers kilomètres, nous sommes complétement absorbés par l’ambiance de la région. Il n’y a ici aucune route, aucun véhicule. Tout se fait à pied. Nous commençons rapidement à croiser quelques autres trekkeurs, et surtout des Népalais. Des porteurs avec des charges incroyables, parfois aidés de Yacks, partent ravitailler les hameaux de la région. Après peu de temps, nous traversons nos premiers ponts suspendus, impressionnant par leur longueur et leur hauteur. Il ne faut pas avoir le vertige. Et puis ça y est, nous apercevons au loin, pour la première fois, l’Everest !

Pont suspendu au Népal
Notre premier stop pour la nuit se fera à Phakding. Nous découvrons ce que sera notre routine du soir pour les quinze prochains jours. Nous dinons dans la salle commune des plats locaux comme la Dal Baht, un plat de lentille. L’atmosphère est chauffée par un poêle dans lequel brûlent des bouses de Yacks séchées. Il n’y a quasiment aucune réserve de bois dans la région. Puis nous pénétrons dans nos sacs de couchage sur les deux lits d’une minuscule chambre. La nuit, la température peut tomber en dessous de zéro.
Acclimatation autour de Namche Bazar
Namche Bazar se trouve à 3400m d’altitude. Notre ascension s’est effectuée assez rapidement. Nous avions donc prévu de passer deux nuits sur place et une troisième nuit pas très loin plus haut pour s’acclimater. Le succès d’un trek au Népal en altitude est de laisser du temps au corps pour s’habituer à la haute montagne. Ainsi, il est recommandé de passer de temps en temps plusieurs nuits au même endroit, et dans tous les cas de se limiter autant faire se peut à une différence d’altitude de 300m entre deux nuits.

Village de Namche Bazar à 3400m d’altitude
Le village de Namche Bazar est un peu la capitale de la région. Cette place est plus animée que le village de Lukla, qui abrite pourtant la piste d’atterrissage des avions. Toutes les ruelles sont pleines de vie. Se mêlent résidants népalais, sherpas accompagnant des randonneurs ou des alpinistes, et étrangers parcourant la région. Quelques boutiquent vendent des petits souvenirs et quelques matériels de randonnée. Et bien sûr un bon nombre de lodges, simples mais chaleureux, permettent d’héberger les nombreux visiteurs partant à la découverte de la région. C’est réellement un endroit où l’on se sent bien : gens agréables, décor magnifique, ambiance zen…
Pour notre journée d’acclimatation, nous avons choisi de nous balader dans la région et de monter un peu en altitude pour rejoindre le monastère de Lawudo Gompa. Nous avons adoré cet objectif. Pour la première fois du séjour, nous sommes passés au dessus de 4000m. Le sentier passe par plusieurs Stupas et offre des vues magnifiques sur les montagnes environnantes. Une fois arrivés au monastère, nous sommes immédiatement accueillis par un moine. Quel lieu paisible et déconnecté de tout. Le moine nous invite à entrer dans la salle de méditation et nous offre le thé. Assis en tailleur, nous le dégustons au milieu des statues de Bouddha. Nous visitons ensuite le reste du monastère, très simple mais situé dans un endroit magique. Nous repartons de cet endroit, pour rentrer sur Namche Bazar, heureux. Et pourtant notre aventure ne fait que commencer. Je recommande beaucoup de profiter de sa période d’acclimatation pour aller voir ce monastère. Apparemment peu le font car nous n’avons croisé aucun randonneur. Seul deux français en partaient après y avoir séjourné quelques jours pour méditer.
Le lendemain, nous quittons Namche Bazar pour s’enfoncer un peu plus dans la région du Khumbu. Nous y reviendrons à la fin du trek car c’est par ce village que fini notre boucle. Et nous serons heureux de retrouver cette animation et cette ambiance typique des régions himalayennes. Le planning de la journée est encore assez tranquille puisque nous avons prévu de rejoindre Khumjung qui se situe à 3800m et à seulement quelques heures de marche. Cela doit nous permettre de parfaire notre acclimatation à l’altitude avant de progresser encore plus haut. Pour occuper notre après midi, nous montons à l’hôtel Everest View, sorte de mirage dans cette région. Tout le confort d’un grand hôtel pour les touristes aisés à plus de 4000m d’altitude, et avec une vue majestueuse sur l’Everest. Les touristes arrivent ici par hélicoptère. Et bien souvent, ils ne supportent pas l’altitude alors l’hôtel à mis en place un système permettant d’apporter plus d’oxygène dans les chambres que ce que n’en contient l’air ambiant. Une belle aberration pour la région ! Mais heureusement cet hôtel reste une exception dans les environs.

Porteur sur le chemin de l’Everest
En route vers les lacs de Gokyo
En quittant Khumjung, nous commençons véritablement notre chemin dans la vallée de Gokyo, voisine à celle de l’Everest. Cette route doit nous emmener à plus de 5000m d’altitude voir une magnifique série de lacs.
Nous avons toujours comme objectif de ne pas nous élever trop en altitude chaque journée. Ainsi, les journées de marche ne sont pas trop longues et nous arrivons souvent à la fin de notre étape en début d’après midi. Cela nous laisse le temps de nous promener un peu aux alentours, de faire des photos ou encore un peu de lessive. Nous pouvons même essayer de nous laver de temps en temps, en profitant des heures les plus chaudes de la journée. Il faut savoir que dès que le soleil baisse, la température tombe en dessous de 0°C. Même les T-shirts encore mouillés que nous venons de laver gèlent ! Il est alors temps de se placer dans la salle commune des lodges autour du feu. La fin d’après midi et le début de soirée passent alors en lisant, en jouant aux échecs ou en étudiant la route du lendemain. Il est même parfois possible d’échanger avec des Népalais et d’observer quelques enfants dans leur vie quotidienne.
Les journées de marche nous font découvrir des paysages extraordinaires. Les sentiers sont bien tracés et faciles à repérer. Et ils nous font passer par des lieux variés. Ponts suspendus, escaliers à flanc de montagne, passages à gué… nous croisons peu de monde. Quelques porteurs lourdement chargés de victuailles. Ceux-ci peuvent porter entre 60 et 80 kg de marchandises réparties sur leur dos de manière impressionnante. De temps en temps des yacks. Et parfois des sherpas, peuple népalais de la région, qui circulent de bourgade en bourgade. Finalement nous croisons peu d’autres trekkeurs. Nous avons choisi de venir à la toute fin de la haute saison, et c’est tant mieux.
Au bout du 4e jour de marche depuis Namche Bazar, nous arrivons aux lacs de Gokyo, et ils sont magnifiques !
Autour des lacs de Gokyo
Les lacs de Gokyo furent notre premier objectif de ce trek, ils sont situés à différentes altitudes autour de 5000m. Il est possible de dormir au bord du second lac situé à près de 4800m d’altitude.
Après avoir posé nos sacs au lodge, nous décidons de continuer à monter un peu pour aller voir le prochain lac. Pour la première fois du séjour, j’ai ressenti un mal d’altitude assez fort. Cela s’est traduit principalement par un mal de tête assez important et une perte d’appétit. Après avoir persévéré un peu et vu le 3e lac, nous redescendons au lodge pour y passer la nuit.

Premier lac de Gokyo

Lac de Gokyo et ses lodges
Le lendemain matin, après une grosse nuit et un repas un peu forcé, cela va un peu mieux. En revanche, c’est au tour de mon père de ne pas se sentir très bien. Malheureusement le programme du matin n’est pas facile puisqu’il est prévu de monter en haut du Gokyo peak à plus de 5300m pour avoir une vue magnifique sur l’Everest et plusieurs autre 8000 de la région. Comme de toute façon il est prévu de repasser par le lodge, mon père décide d’y rester et de m’attendre. J’attaque donc seul l’ascension du Gokyo Peak. Grimper à plus de 5000m d’altitude n’est clairement pas une chose facile. Mais la récompense en vaut la chandelle. La lumière du matin éclaire tous les sommets environnants. Des monstres culminants encore à plus de 3000m au dessus de ma tête. Et l’Everest qui les domine tous. Les drapeaux de prières bouddhistes viennent compléter cette scène. C’est un des grands moments du trek que je vis. Malheureusement je ne peux pas le partager avec mon père. J’attaque la descente, et là, je le vois en train de grimper à son rythme. Ce n’est pas encore la grande forme mais il est là, pas loin du sommet. Je fais demi-tour avec lui pour revenir voir la vue à deux et profiter de cet instant !

Vue sur l’Everest depuis le Gokyo Ri
Nous redescendons ensuite au lodge pour reprendre des forces et manger un peu. L’après-midi sera consacré à la traversée de la moraine. De l’autre côté, nous serons au pied du col du Cho La qui nous permettra de passer dans la vallée d’à côté, celle de l’Everest. Mais ce col ne sera pas une mince affaire avec son altitude à plus de 5300m puis un glacier à traverser. Pour le moment, il faut trouver son chemin à travers un chaos de roches et de glace. Le spectacle est lunaire et magnifique. Nous arrivons à suivre une légère trace que nous espérons ne pas perdre. Sortir du chemin serait vraiment prendre des risques. Le glacier évoluant tout le temps, la trace doit être refaite chaque année en début de saison. Ainsi, l’itinéraire n’est jamais identique. Il nous fait cette année zigzaguer entre de petits lacs, des montagnes de roches entremêlées de glace et des petits séracs. Cette traversée est impressionnante.

Moraine dans la vallée de Gokyo

Passage dans la moraine du Gokyo
Rapidement après la fin de la traversée, nous arrivons à notre lodge pour la nuit. Il sera temps le lendemain de changer de vallée. Les conditions météo sont bonnes ce qui à nous permettra d’emprunter le col du Cho La et d’arriver directement assez haut dans la vallée de l’Everest. Cette première partie du trek a déjà été incroyable. La découverte de la région, de ses habitants, de ses temples et Stupas ont tous été des moments forts. Et la vue sur les lacs de Gokyo depuis le Gokyo Peak est à couper le souffle, d’autant plus que cela se passe à plus de 5000m d’altitude, au cœur de l’Himalaya ! Un véritable partage avec mon père.
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