Attention, la description du parcours est basée su le tracé passant par le Maido. En 2021, les coureurs sortiront de Mafate via Dos D’âne. Peut être moins mythique que le Maido, malheureusement encore fragilisé par les incendies, mais surement pas plus facile !
Je vous ai parlé précédemment du parcours de l’UTMB. Au tour du parcours de la Diagonale des fous d’être décrypté sur mon blog. Avec ces quelques détails de l’itinéraire, j’espère aider ceux qui, comme ce fût mon cas, découvriront les sentiers de la réunion en courant le Grand Raid.
Certaines courses nous marquent plus que d’autres. Il est alors très facile de se rappeler du parcours dans les moindres détails. La Diagonale des fous fait parti de ces courses dont l’itinéraire reste gravé dans la mémoire ! Vous pouvez d’ailleurs retrouver mon récit de course ici.
Je vous livre ainsi ici mon analyse et mes conseils pour le parcours de cette Diagonale des fous. Bien sûr, je ne peux que vous conseiller de compléter cette description de l’itinéraire du Grand Raid par des vidéos de course permettant de s’immerger dans les cirques de la Réunion. La référence est le premier excellent reportage de Zinzin Reporter que vous trouverez ici.
Saint Pierre – Parking Nez de Bœuf
distance cumulée : environ 40km, dénivelé positif cumulé : environ 2500m
Le départ du Grand Raid est donné en bord de mer, à Saint Pierre, sous une ambiance de folie. Des dizaines de milliers de spectateurs viennent encourager les fous sur les premiers kilomètres plats qui empruntent la route du littoral. Au bout de 5km, la première montée commence, elle durera environ 40km pour emmener le coureur au bout de la première nuit.
Lorsque la pente commence à se faire sentir, le parcours de la Diagonale des fous empruntent encore la route. Puis, l’itinéraire emmène le coureur sur des premiers sentiers, des traces à travers des champs de canne. On s’élève en altitude et l’on peut voir en bas, au loin, les lumières de la ville et l’océan obscur.
Toute cette première partie est rapide, il faut savoir profiter de l’ambiance incroyable des spectateurs au départ et à chaque croisement de village. On se croirait parfois sur le tour de France ! Mais attention, il faut aussi réussir à se mettre dans son rythme, à rentrer dans sa course. L’allure ne doit pas être trop rapide pour ne pas taper trop vite dans ses réserves de glycogène mais ne doit pas être trop lente non plus pour ne pas se retrouver en fin de peloton. Peu de temps après le premier ravitaillement, au Domaine Vidot, vers le 15e kilomètre, le sentier se rétrécit. Cela engendre des bouchons, et même si cela s’est amélioré ces dernières années, certains coureurs font du surplace pendant des dizaines de minutes. Pour éviter les bouchons, il faut tabler sur un temps de passage d’environ 1h40 au Domaine Vidot ce qui est quand même assez rapide.
Cette première partie de course est finalement une longue ascension sans aucune difficulté technique. Il faut être capable de relancer et d’avancer d’un bon pas. Mais il faut toutefois se méfier du froid. Les températures tombent proche de 0°C lorsqu’on s’approche du volcan. Dès que le froid commence à se faire sentir, il ne faut pas hésiter à ôter le T-shirt dans lequel on a transpiré sur les premiers kilomètres pour enfiler du sec et du long. Gant et bonnet pourraient aussi être utiles.
Le parcours de la Diagonale des fous nous fait alors longer le second rempart du volcan. La vue est sans doute magnifique de jour ! Mais lorsqu’on arrive au ravitaillement du parking Nez de Bœuf, l’obscurité est pour beaucoup encore bien présente. A ce moment là, on a parcouru un quart de la course et grimpé un quart du dénivelé. Et pourtant, le Grand Raid ne fait que réellement commencer !
Parking Nez de Bœuf – Cilaos
distance cumulée : environ 65km, dénivelé positif cumulé : environ 3300m
A partir du parking Nez de Bœuf, le parcours de la Diagonale des fous nous permet enfin de profiter de portions de descente. Après quelques kilomètres, il faudra toutefois être attentif car le passage peut certaines années être extrêmement boueux. Au point qu’il pourrait être nécessaire de changer de chaussures à Cilaos pour ne pas avoir les pieds trop abîmés par des chaussures imbibées. De plus, quelques passages sont étroits et entourés de fils barbelés. Ce n’est pas le moment de chuter et de se blesser.
Le ravitaillement de Mare à Boue signifiera pour certains la fin de la nuit et le lever du soleil. Cela tombe bien, à partir de là, la course commence à être très belle, et les sentiers deviennent plus techniques. La montée du Coteau Kerveguen est un bon test pour les jambes. On rentre vraiment dans les cailloux. Mais le paysage sera un vrai moteur. La vue sur le Piton des neiges et les alentours est magnifique.
Lorsque l’on arrive au dessus du cirque de Cilaos, à la place de continuer en face pour attaquer l’ascension du Piton des neiges, on plonge dans le cirque. Je dis bien plonger, car 750m de dénivelé négatif attendent le coureur en 3 petits kilomètres. Cette descente est très raide et technique. Certains passages nécessitent quelques séries de marches métalliques bien étroites. En bas de la descente, cela commence à sentir bon la base de vie de Cilaos et nos proches venus nous encourager.
Avant d’arriver au stade de Cilaos, où se trouve le ravitaillement, il faut encore parcourir quelques kilomètres vallonnés mais pas difficiles. Ensuite, c’est l’arrivée dans la ville de Cilaos où beaucoup de gens attendent les coureurs se qui fait monter l’ambiance. C’est un des plus gros ravitaillements de la course. Il faut en profiter pour faire une bonne petite halte et manger un vrai repas. Ensuite, le plus gros morceau du Grand Raid débutera !
Cilaos – Grand Place
distance cumulée : environ 100km, dénivelé positif cumulé : environ 5500m
Une des plus difficiles ascensions de la course est placée après Cilaos : l’ascension du col du Taïbit pour arriver dans le cirque de Mafate. Le soleil peut taper fort ce qui rend la montée encore plus difficile. Après le ravitaillement, une courte descente attend le coureur avant le début de la montée. Ensuite, c’est parti pour plus de 1000m de dénivelé positif en environ 6 kilomètres. Heureusement, cette ascension peut être découpée en plusieurs parties. Un ravitaillement se situe sur une route à un tiers de la montée. Cela permet de faire une courte halte et même de voir ses proches s’ils ont eu le courage de venir ici. Le sentier du Taïbit à proprement parler commence alors. Un beau dénivelé, une halte devenue mythique au milieu avec le diable du Grand Raid qui propose sa potion magique (en réalité de la tisane) et l’arrivée en haut du col avec la première vue sur Mafate !
Arrivée au col, la descente sur Marla est assez facile et rapide. À Marla, un ravitaillement très agréable attend les raideurs. Un petit havre de paix qu’il peut être difficile de quitter. Attention, si malheureusement vous arrivez à la tombée de la nuit, ne vous arrêtez pas pour dormir, il peut y faire trop froid.
Après Marla, direction le col des bœufs, à la frontière avec le cirque de Salazie. La montée n’est pas difficile. De là, l’itinéraire emprunte le sentier scout pour replonger dans Mafate. Cette partie est très jolie, même si la descente dans le cœur du cirque de Mafate peut paraître au bout d’un moment bien longue. 1000m de dénivelé à descendre sur environ 10 kilomètre. Pour beaucoup, la nuit se sera installée.
Une fois en bas, comme souvent, il faut recommencer à grimper. Les quelques kilomètres qui suivent dans le cirque de Mafate sont fortement vallonnés. Un point d’eau/mini ravito se trouve à Ilet à Bourse, mais il faudra encore parcourir environ 3 kilomètres pour arriver au vrai ravitaillement de Grand Place. Il est alors temps de reprendre des forces pour la suite.
Grand Place – Ilet Savannah
distance cumulée : environ 130km, dénivelé positif cumulé : environ 7600m
En quittant le ravitaillement de Grand Place, il est temps de quitter Mafate. Mais ce n’est pas une mince affaire. Avant d’attaquer la montée finale de sortie du cirque, le parcours de la Diagonale des fous fait grimper quelques centaines de mètres. Une fois arrivé en haut, une descente raide et qui peut être glissante et piégeuse attend les coureurs. 400m de dénivelé négatif en un peu moins de 2 kilomètres pour arriver à la rivière des galets. C’est à partir de là qu’il va falloir grimper la paroi terrifiante qui mène en haut du Maïdo pour sortir de Mafate.
Cette ascension se fait en plusieurs temps. Mais elle est très longue, il faut s’y préparer mentalement. Placée à ce moment de la course, cette portion du parcours de la Diagonale des fous est certainement la plus difficile à passer avec 1700m de dénivelé positif en environ 11 kilomètres.
La première partie permet d’atteindre l’école de Roche Plate où un ravitaillement autorise un vrai repos un peu après 5 kilomètres d’ascension pour 700m de dénivelé positif. Cette portion est un long escalier aux marches irrégulières. Éprouvante et sans fin, le ravitaillement n’arrive jamais. On espère le trouver après chaque virage mais le sentier continue toujours et encore avant de s’aplanir et d’enfin mener vers Roche Plate.
Beaucoup de gens dorment à Roche Plate avant d’attaquer la deuxième partie de cette immense difficulté. En sortant de Roche Plate, le sentier passe par la Brèche sans réelle difficulté. À ce moment là, un court passage avec un précipice à droite oblige à tenir une main courante contre la paroi. Ce n’est pas le moment d’être inattentif malgré l’intense fatigue. Au niveau de la Brèche, il faut bifurquer vers la paroi du Maïdo. Là, rien à faire d’autre que grimper. 1000m à avaler à son rythme. Il peut être utile de découper cette difficulté en différentes portions. On y est aidé par des marques régulières indiquant où on en est dans l’ascension. Et puis tout d’un coup, des clameurs au loin se font entendre. C’est le sommet ! Des gens y sont entassés pour encourager les coureurs. C’est la sortie de Mafate. Un grand moment de la course.
Le ravitaillement n’est pas directement au somment. Il faudra attendre quelques longs kilomètres pour se poser. Attention toutefois de ne pas y rester trop longtemps. Avec la fatigue et l’altitude, il est très facile de se refroidir.
C’est ensuite une interminable descente qui attend les coureurs pour se rapprocher de la mer. Une première partie vallonnée où il est difficile de maintenir le rythme, et une seconde partie peu technique mais longue. Les cuisses tapent à chaque marche et pourtant il faut se forcer à courir pour ne pas passer trop de temps sur cette partie du parcours de la Diagonale des fous. Après 16 très longs kilomètres et pas loin de 2000m de dénivelé descendu, c’est l’arrivée à Ilet Savannah (précédemment Sans Soucis). Une base de vie pour se requinquer, manger, et, se doucher et se faire masser si besoin. C’est la 2e base de vie la plus importante après Cilaos. L’occasion de passer du temps avec ses proches. La ligne d’arrivée est maintenant en ligne de mire !
Ilet Savannah – Stade de la Redoute
distance cumulée : environ 165km, dénivelé positif cumulé : environ 9600m
En quittant le ravitaillement d’Ilet Savannah, il ne reste qu’un gros marathon. On est sorti des cirques, les parties les plus exposées du parcours de la Diagonale des fous. On peut penser à l’arrivée. Et pourtant le Grand Raid est loin d’être terminé. Il reste de belles difficultés avant de rejoindre Saint Denis. Le reste de l’itinéraire peut être découpé en trois sections, qu’il faudra franchir tranquillement les unes après les autres.
La première section emmène les coureurs vers le célèbre Chemin Ratineau. Mais avant ça, il y a une rivière à traverser en sautant de pierre en pierre. En cas de chute, des photographes seront aux aguets. Ensuite, l’itinéraire du Grand Raid nous fait monter sur une portion peu intéressante longeant les champs de cannes. Assez rapidement, le parcours arrive à la double portion Chemin Ratineau/Kaala. Ces sentiers sont une véritable traversée de jungle. Des lianes et branches dans tous les sens. Des énormes blocs qu’il faut monter ou descendre. Et ça glisse quand c’est mouillé. Un terrain ludique quand on est en forme mais qui peut se transformer en enfer en cas de passage de nuit, au bord de l’épuisement. Après quelques kilomètres un peu long mais faciles à la sortie de ces portions la Possession est en vue.
Le ravitaillement de la Possession est l’occasion d’un bon repos. Ensuite vient l’enfer du Chemin des Anglais ! Cette ancienne voie pavée, qui monte et qui descend en longeant de loin la côte, est redoutable. Les pentes peuvent être raides, la chaleur, emmagasinée par les pierres, étouffantes, mais c’est surtout le terrain en lui-même qui en fait sa difficulté. Aucune pierre n’est bien en place. Redoutable pour les appuis. Une portion mythique du parcours de la Diagonale des fous, qu’il faut aborder avec prudence !
À la sortie du Chemin des Anglais, 9 kilomètres après la Possession, le parcours de la Diagonale des fous arrive à la Grande Chaloupe. Ravitaillement précédent la dernière difficulté de la course, la ligne d’arrivée se rapproche. Mais il reste une grosse montée pour arriver au Colorado. 9 kilomètres pour les 800 derniers mètres de dénivelé positifs. L’ascension commence par une voie pavée, comme le Chemin des Anglais. Puis rapidement c’est une piste qui se poursuit jusqu’en haut avec à la fin une trace de terre ocre. L’arrivée au Colorado est une belle délivrance. Ne reste qu’une descente avant l’arrivée. Oui, mais une descente assez technique qui en effraie plus d’un. Beaucoup de cailloux, pour une heure de course si l’on est en forme. Beaucoup plus sinon.
Au bout de cette descente, quand le stade de la Redoute est en vue, l’émotion envahit chacun. L’arrivée vers le stade n’est pas la plus belle partie du parcours de cette Diagonale des fous. Mais elle est inoubliable. Il ne reste alors qu’à rentrer dans le stade et courir vers l’arrivée. Un conseil, profitez !
Si vous lisez cet article en détail, c’est sans doute que dans quelques temps, vous allez vivre l’une des aventures les plus incroyables de votre vie. J’espère qu’avec ces quelques lignes, vous arriverez un peu à vous visualiser le parcours. Complétez cette lecture avec quelques vidéos. Et surtout inspirez vous en pour découper votre course. Cela permet de savoir à quoi s’attendre, d’anticiper les difficultés, et de profiter au mieux de son Grand Raid !
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